Oran, une Ville, une Vie.

Oran, une Ville, une Vie.

Hommage.

En ce jour où des ignobles menacent notre stèle, souvenons-nous d'Esposito. Lui, contrairement à Guy Mocquet, n'aura pas eu le temps d'écrire une dernière lettre à sa femme, et à son enfant.J'ai très bien connu sa veuve, une petite blonde d'une grande gentillesse, à Paris, en 1963. De stress, de chagrin, elle avait changé physiquement. Je l'ai revue, avec Marité, à Marseille, en 1966, où elle s'était installée chez un parent. En me souvenant d'elle, ma haine grandit si c'est possible...

"Tombé dans une embuscade tendue par les garde-mobiles, à l'aide d'half-tracks, j'ai été transféré avec Doumé Giacomoni et Caumas dans une cage en fer de 3 x 3 m à l'Ecole de police d'Hussein-Dey où se trouvaient déjà Hans Muller, caporal au 2ème REP, Jacky Perez, parent du Dr, Fanfan Leca et Esposito, cafetier à Belcourt. Entassés à 7 dans cette petite cage, gardés par les GM fébriles et revanchards, nous injuriant à longueur de jour, Esposito n'a pu résister plus longtemps et il a tenté de s'évader. Un matin, en revenant des toilettes, escorté par 2 GM, il a brusquement saisi un balai et a violemment attaqué un GM, le blessant gravement à la main et pensant peut-être lui prendre sa MAT 49. Aussitôt, et sans sommations, le second GM ouvrit un feu nourri au PM, par rafales à bout portant sur le malheureux Esposito qui, face à la puissance de feu recula et vint s'écrouler dans la cage au milieu de nous, plaqué au sol, la joue à même le béton. Un vrai miracle que personne d'entre-nous n'ait été atteint et ce, malgré les ricochets qui sifflaient contre les structures métalliques.
           A l'arrêt du feu, nous tenant en joue, jambes écartées en position de tir, l'assassin excité eut le culot d'enchaîner : "le premier d'entre vous qui bouge, je lui envoie la purée…". Ce jour-là, nous avons vécu des moments atroces. Cette scène horrible restera à jamais gravée dans ma mémoire.
  Atteint par de nombreuses balles à la poitrine et au ventre, le pauvre Esposito râlait et gisait dans une mare de sang qui nous empêchait de bouger dans cette cage exiguë. Son agonie dura près d'un quart d'heure alors que, debout, nous réclamions haut et fort des secours et un transfert vers un hôpital.
           Transpercé, ensanglanté, il mourut à nos pieds. Et pourtant un médecin militaire accompagné d'un infirmier soignèrent le GM blessé mais refusèrent de s'intéresser à notre camarade prétextant qu'il n'y avait plus rien à faire. Pis encore, afin de nous choquer un peu plus et de nous humilier, ils ont laissé le corps baignant dans son sang pendant plusieurs heures dans la cage. Ces salauds ont même tenté de nous servir le repas de midi avec le corps gisant au milieu de nous. Jamais je n'oublierai ces scènes effroyables."

 

                Maurice J.

 

 

                                                   ESPOSITO1.gif                                                                      

                                                                                                                                  

 



07/11/2008
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