Oran, une Ville, une Vie.

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Pourquoi les pieds-noirs sont-ils partis ?

Pourquoi les Pieds-Noirs sont-ils partis ?

Benjamin Stora a écrit :
«Depuis qu'ils sont rentrés en France, les rapatriés  ont toujours cherché à faire croire que la seule raison de leur départ était le risque qu'ils couraient pour leur vie et celle de leurs enfants. Et qu'ils avaient tous été obligés de partir. Or cela ne correspond que très partiellement à la réalité. » Benjamin Stora 

Et vous M. Stora comment vos parents sont-ils partis de Constantine, vous emmenant avec eux, sinon la peur au ventre ? Avaient-ils une autre raison moins avouable ?  Certains ont même prétendu que les Pieds-noirs partaient en vacances… qu'ils reviendraient en sepembre.

                                           Ont-ils l'air de vacanciers ?

Images du Site : 1962 :l 'exode

 Les vacanciers en partance

    Des barbelés au cas où…  

                                                                                   

                            

 

                                       

    

                                   

 

Non, les Pieds-noirs sont partis contraints et forcés pour sauver leur vie, ils n'avaient pas le choix.

 Et ceux qui avaient crû pouvoir rester s'y sont résignés devant cette évidence : nous ne sommes plus en sécurité

                                                 L'armée contrairement aux Accords d'Evian n'était pas là pour garantir notre vie, mais en témoin impassible du drame qui se jouait. 

Les Pieds-rouges d'ailleurs n'ont pas resisté longtemps après notre départ, eux qui avaient tant travaillé pour  FLN 

                                                                                                                                                                                                                                                                               Au cours de la seule année 1962, plusieurs centaines de milliers de pieds-noirs ont fui l'Algérie, pour venir se réfugier en France. Désemparés, hébétés, ils ont quitté leur pays les larmes aux yeux et le coeur rempli d'amertume.  

Pourquoi ont-ils fuient dans des conditions aussi  épouvantables ? 

1–D'abord ils ont eu le sentiment d'être abandonnés,

  Abandonnés? oui, et ce,  dès le moment où se sont ouvertes les négociations entre la France et le gouvernement provisoire de la révolution algérienne (GPRA), en 1961, que rien ne leur laissait prévoir

 « En effet, de 1958 à 1960, le calme était revenu en Algérie. Pendant cette période, les Pieds-Noirs étaient sûrs que l'Algérie resterait française puisque l'Armée française avait gagné la guerre contre le FLN 

 Mais à partir de 1960, le climat, la confiance se sont dégradés.  Il y eu la semaine des Barricades, la création de l'OAS, les Accords d'Evian entre le GPRA et les Gaullistes et surtout

La fusillade de la Rue d'Isly

Ce massacre programmé a eu comme conséquence directe l'exode des Pieds-Noirs. Comment auraient-ils pu rester alors que l'armée qui, d'après les Accords d'Evian devait les protéger du FLN, tirait elle-même sur des Pieds-noirs, femmes , enfants, vieillads désarmés et que les CRS dévastaient leurs appartements et se conduisaient comme des troupes d'occupation.

Lisez le compte rendu d'un témoin de ce drame : Mme Simone Gautier : merci Madame !  

Au commencement Bab el Oued

Lundi 26 mars 1962 - Alger agonise

Nous ne connaissons pas tous les noms des victimes du 26 mars 1962 à Alger ni leur nombre exact.

Nous ne connaissons pas le nom de tous ceux assassinés au Plateau des Glières et tout autour, rue d'Isly, boulevard Pasteur, rue Chanzy, boulevard Bugeaud, rue Lelluch, boulevard Baudin, et plus loin Place de l'Opéra, et aussi aux Facultés, et plus loin encore au Champ de Manœuvres et encore une heure après la fusillade. Les militaires, les gendarmes, les C.R.S. occupent les carrefours, les toits, les terrasses, font des barrages. Partout, toutes les armes sont approvisionnées et chargées, partout. Les tirailleurs avancent rafale après rafale, arrosent les gisants au F.M. et au P.M., chargeur après chargeur (J.L. SIBEN témoigne). Ils mitraillent les façades, l'intérieur des appartements aux volets clos, achèvent les mourants à l'intérieur des magasins, les poursuivent dans les couloirs des immeubles.

Et puis, ils tirent sur les médecins, les pompiers. Ils tirent sur les ambulances, déjà toutes prêtes, déjà là, à attendre les morts.

C'est une véritable chasse aux pieds-noirs, une tuerie, un carnage auquel se sont livrés les tirailleurs aux gestes obscènes, les gardes mobiles aux ricanements haineux et les C.R.S. qui insultent, matraquent et « balayent », rue Charras, rue Richelieu, rue Clauzel …(les témoignages).   Simone Gautier

Comment conserver la moindre confiance après de tels agissements ?

                                                                                 

2–Mais surtout ils ont eu peur pour leur vie et celle de leurs enfants

Le mois de Mai 62 qui suivit fut le pire de toute la guerre d 'Algérie.:

 Les enlèvements, les assassinats commis par le FLN, eurent raisons des dernières véléités des Français . 

Voici un document écrit d'après les documents officiels des Archives qui viennent de s'ouvrir aux chercheurs..                  mai1962.doc

                                                                                      

3–Enfin,ultime raison, les fonctionnaires quittaient le pays.

Les Fonctionnaires quittaient l'Algérie sans attendre une mutation qui d'ailleurs leur serait refusée : ils iront l'attendre en France pour la grande majorité. Que faire alors sans une administration de transition ?

Pour comprendre l'exode des foctionnaires il n'est qu'à consulter la liste des instituteurs tués après les Accords d'Evian et fournie par leur Amicale.

Instituteurs et instructeurs des départements d'Algérie assassinés en 1962 après les accords d'Evian

Mme Vve HUGUES René, tuée rue d'Isly à Alger le 26 mars 1962

LAMENDOUR Gilbert, tué rue d'Isly à Alger le 26 mars 1962

LURATI Henri, tué rue d'Isly à Alger, le 26 mars 1962

Mme MESQUIDA Alfred, tuée rue d'Isly Alger le 26 mars 1962

FIORE Gérard, 18 ans, "disparu" à Jemmapes le 26 avril 1962

BORDES Lucien, 22 ans, assassiné en mars 1962 à Alger

EMOURGEON Jean-Pierre, directeur, assassiné à Constantine en mars 1962

LLINARES Noël, directeur, assassiné à Alger en mars 1962

GARCIA André, 23 ans, disparu, le 28 avril 1962

Mme PEREZ Claude, disparue à Inkerman le 4 mai 1962

RUBIO José, "enlevé" à l'Arba le 17 mai 1962

GRIMALT jean Claude, "enlevé" à Belcourt Alger, mai 1962

COURIOL Jean, "disparu" à Rocher Noir le 11 juin 1962

SINTES Roger, "disparu" à Alger le 23 juin 1962

Mlle KOHLER Eliane, disparue Clos Salembier Alger, juin 1962

CINESTE Daniel, "disparu" (!) à Aîn el Turck le 5 juillet 1962, instructeur, 19 ans.

GARCIA Marcel, "disparu" à Oran le 5 juillet 1962

PARDO Raymond, "enlevé" à Oran le 5 juillet 1962

RUBIO Antoine, assassiné à Ain Témouchent le 5 juillet 1962

ULPAT Marcel de Vialar, assassiné à Oran le 5 juillet 1962

LESCALIER Guy, "disparu" à Misserghin (Oran) le 6 juillet 1962

CHILLAUD Claude, "disparu" à Boufarik le 30 juillet 1962

WOLF Henri, directeur, assassiné à Oued-Fodda en juillet 1962

BONAMY Gérard, "disparu" à Birkadem le 2 août 1962

Mme ROBERT, institutrice assassinée à Montgolfier avec ses 2 enfants de 3 et 5 ans le 6 septembre 1962

PISSIS Henri, "disparu" à Hassi-Messaoud le 11 septembre 1962

                                                                                            

Et les rapts continuaient <- cliquez

Du 19 mars au 31 décembre 1962, ce sont officiellement 3019 Européens qui sont enlevés, dont près des deux tiers restent portés disparus. « En proportion, il y a eu dix fois plus de disparus en Algérie durant cette période qu'en Argentine dans les années 70 sous la dictature » fait remarquer Jean Monneret, un des rares historiens à avoir étudié le sujet.

 Alors pourquoi le 26 mars et le 5 juillet, des "Français pogressites"  essaient-ils d'empêcher, en France, les manifestations des familes de disparus ?  : les veuves de Mai d'Argentine sont-elles plus  légitimes et plus à plaindre  que ces familles qui attendent depuis 46 ans de savoir quel a été le sort de leurs disparus.?

  • A aucun moment la France n'a envisagé d'utiliser les forces armées pour faire cesser les rapts. Pis, les militaires, qui prennent l'initiative d'intervenir, se voient aussitôt déplacés. C'est le cas du général Rollet, chef de bataillon à Alger. Le 21 mai 1962, l'officier apprend que six européens ont été enlevés dans le quartier de Belcourt. Il ordonne aussitôt une intervention. Sa troupe parvient à sauver deux hommes et découvre dans une vigne un charnier avec huit corps d'Européens mutilés. Le lendemain elle déterre six nouveaux cadavres. Le 28 mai, huit autres encore. Le général fait un rapport. En retour, il reçoit l'ordre de quitter le secteur. Ses officiers seront consignés jusqu'au 6 août et la formation dissoute.

  • Même les militaires enlevés n'ont pas été protégés

  • Lisez ce témoignage

                                                                                         

Puis vint le 5 juillet à Oran,   Et ce fut le massacre  cliquez

Ces trois raisons à elles seules suffiraient à répondre à la question posée en préalable au débat organisé par la LDH et le Monde Diplomatique à Paris le 26 mai 2008 : de quoi les pieds-noirs ont-ils eu peur en 1962.

La grande majorité du petit peuple que vous voyez sur les photos recueillies sur le site: 1962 l'exode n'avait rien à se reprocher ils ne faisaient pas partie de l'OAS : ils avaient peur!  ils pensait que si ces massacres et enlèvements pouvaient se prosuire alors que l'armée  avait encore légalement le devoir et le droit d'assurer leur protection, si elle les laissait sans défense à la merci des assassins  que se passerait-il à la passation des pouvoirs et après leur départ ?

Certains, partis en vacances , sont revenus et ont trouvé leur logement occupé, leurs biens pillés sous les yeux de "nos" soldats indifférents , obéissant aux ordres venus de Paris , les "vacanciers" ont dû repartir en France avec les seules valises qui avaient déjà fait le voyage vers des vacances devenues définitives.

Alors oui nous sommes partis parce que nous ne pouvions pas faire autrement !

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21/08/2008
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