La France de mon enfance
Mon enfance durant, je fus fier de ma France… Il était, par delà la Méditerranée, ce pays chatoyant qui me faisait rêver entre deux pages de géographie… Elle était ma Mère Patrie et, à l’instar de mes camarades de classe et de jeux, des Belkacem, des Levy, des Martin, des Martinez ..... je ne voyais, je ne sentais que ce qui était beau dans son passé et son présent… Je voyais en rêvant une histoire chargée de gloires, de saints, de rois, de héros, de batailles gagnées et de défaites toujours glorieuses, d’un Empire qui rayonnait par-delà les mers.
"Là-bas ", avec mes camarades, nous vibrions pendant les leçons d’histoire. Nous encouragions de la voix, des mains et des pieds Vercingétorix et Jeanne d’Arc à bouter l’envahisseur hors de France. Subjugués par l’héroïsme de Bayard – le « Chevalier sans peur et sans reproche » - et les victoires de Napoléon, nous suffoquions de plaisir au récit de la bataille d’Austerlitz mais nous refusions de lire celles de Waterloo et de la retraite de Russie. En somme, j’étais fier de ma France avec ce que cela comporte d’aveuglement et je l’aimais du plus profond de mon être.
Chrétiens, Juifs et Arabes, tous unis dans une même communion de pensées, nous étions prêts à nous battre pour elle, à nous faire tuer, à tout quitter pour elle. Nous ne savions pas ce qu’elle était exactement ; qu’importait ! Elle était tout ce qu’elle était et nous en assumions les laideurs comme les beautés ; c’était une réalité, une réalité matérielle, charnelle, spirituelle, indissociablement. Certes, je discernais bien déjà ce qu’il y avait de laid dans son histoire :… mais cela ne comptait pas pour moi. Un enfant ne s’amuse pas à faire l’inventaire des imperfections de sa mère, morales et physiques. Elle est sa mère et, comme telle, sans défauts. Les connaissant, il les ignore. C’est le mystère de l’amour.
Mais le temps a passé depuis et mes souvenirs, comme ceux de mes camarades d’hier, sont ceux d’une splendeur à jamais révolue… Nous ne sommes plus ainsi, nous avons changé. Notre France . Nous n’en sommes plus toujours fiers et, bien souvent, nous en avons même honte…
Il est difficile de ne vivre que d’espoir aussi bien que de souvenirs.
Il y eut la mort de l’Algérie française, de celle de milliers de jeunes soldats, de milliers de Musulmans fidèles, de milliers de victimes innocentes offertes en holocauste pour satisfaire aux exigences d’une arithmétique de la terreur, des milliers d’arrestations arbitraires de patriotes français refusant d’abdiquer… et, au bout, l’exode et l’exil de tout un peuple.
Alors, pour ne plus pleurer les gorges tranchées, les corps mutilés au couteau et ceux déchiquetés par les bombes du FLN , pour ne plus pleurer l’attente inhumaine d’un « disparu », pour ne plus pleurer sur la route d’un exil, pour ne plus pleurer des détenus politiques fidèles à l’honneur, pour ne plus pleurer des soldats trahis, victimes de politiciens véreux, nous avons décidé de fermer notre cœur . Nous avons assez souffert, nous avons assez eu peur, nous avons assez baissé les yeux devant nos soi-disants « vainqueurs » d’hier pour ne pas avoir à nous incliner devant ceux de demain et revivre les affres de la trahison, du terrorisme et de la guerre civile.
Nous sommes saouls de défaites, de reculs, d’abandons, de reniements, de capitulations : Nous sommes gorgés d’humiliations. Nous lâchons tout, nous abandonnons tout ce qui nous appartient… La France qui abdique, qui brade, qui s’autoflagelle… La France qui renie son passé et ses valeurs chrétiennes.
Aujourd'hui, nous parle-t-on de Patrie ? Enseigne-t-on à nos écoliers ce qu’est la Patrie ? Ce qu’est la France ? Connaissent-ils seulement, ces écoliers, le premier couplet de La Marseillaise ? Qu’est-ce que la Patrie ? Une histoire ? Vous en rejetez la plus grande partie et les livres de nos étudiants ne sont qu’un ramassis de contre-vérités. L’Histoire, depuis trois cents ans, n’est qu’une conspiration contre la vérité.Quel idéal êtes-vous donc capables de proposer à notre jeunesse ?
Vous nous avez tout enlevé, volonté, fierté, espoir, civisme, courage, obéissance… Tout nous paraît vide. Nous n’avons plus en nous qu’une énorme lassitude et un extrême découragement. Dès lors, nous n’avons pas le droit d’aimer la chair de notre pays.
Au fil des générations, vous n’avez eu de cesse de cultiver le mythe de la culpabilité nationale : Colonisation… Repentance… Soumission… Vous avez fait en sorte, lors de vos gouvernances, que notre France s’accuse elle-même et se déclare honteuse de son passé.
Et nous souffrons de la voir ainsi… Méconnaissable, colonisée, livrée à l’intégrisme religieux, sans mémoire, gangrenée par les associations adeptes de la tartufferie des droits de l’homme et de l’antiracisme, minée par l’insécurité, les émeutes, résignée à la stagnation, au recul, à la déchéance et à la fin. Oui, ma France, qui te sauvera ?