Oran, une Ville, une Vie.

Oran, une Ville, une Vie.

Tranches de vie

Certains soirs, après le rouge flamboyant du soleil couchant et le crépuscule cuivré, lorsque le ciel devenait obscur et qu'aucune lueur ne troublait sa noirceur et dans le silence de la nuit, les cigales s'étant tues, j'allais sur la terrasse avec mon père. Allongés sur une couverture  il me faisait découvrir le firmament.  Apparaissait « Vénus » ou plus simplement l'étoile du Berger, la première, scintillante, puis  l'étoile «Polaire » à l'horizon, une des plus grosses, puis les petites et grandes « Ourses » ou « chariots », au zénith et enfin la voie lactée constellée d'étoiles naines  et de temps en temps des étoiles filantes qui laissaient dans leurs sillages, des lueurs incandescentes. Les nuits de pleine lune, son reflet, par ricochet, embrasait la mer.Mon père  m'avait dit un jour : « regardes bien ce ciel étoilé, tu ne verras jamais le même nulle part ailleurs ».

   

Ma passion pour les fleurs vient de la maison de ma grand-mère. Enfant en été, j'aimais m'y rendre en fin d'après-midi pour ouvrir les tuyaux d'arrosage, des rigoles étaient creusées à chaque rangée de plantation et dès que l'eau commençait à couler elle était vite absorbée par la terre encore très chaude et puis petit à petit elle circulait au travers des rigoles. J'aimais voir l'eau couler et surtout sentir l'odeur forte de la terre mouillée. Quand le soir tombait, la végétation qui avait eu sa ration d'eau s'éveillait et les fleurs laissaient échapper leurs parfums enivrants. C'était magique.

Souvent, je profitais pour rester dîner chez mes grands parents. Le repas terminé, il faisait encore trop chaud pour rentrer à la maison. Nous installions alors des chaises longues et la famille «  prenait le frais » en discutant. Moments privilégiés où mon grand- père  nous racontait des histoires drôles. Nous pouvions en toute tranquillité profiter de cet instant où toutes les senteurs de la nuit nous parvenaient. Nous buvions un verre de citronnade, d'antésite ou de coco. La nuit était douce et étoilée.

   

 

 


"A force de traîner, vous allez être en retard à la messe de 10 heures et demie...."

Toilette vite faite devant l'évier de la cuisine , dans la bassine du linge, pas loin du robinet et de l'eau chaude qui frisonne sur le feu...eau chaude ou eau froide à volonté....

Les habits attendaient sur le lit, tous bien repassés, les chaussures brillaient, nous voilà fin prêt pour la sortie, non, il manquait encore le mouchoir, lui aussi encore chaud du petit coup de fer que maman venait  de donner...les derniers plis...N'oublions pas la petite pièce pour la quête et en route mauvaise troupe comme aurait dit mon père....c'était ça ou roule bendiméred !....au choix.J'allais oublier, dernière recommandation de maman : "Vincent, en passant devant "la loterie" prends moi un dixième, un gagnant hein....et après tu passes au "RITZ" nous réserver les places pour cet après-midi ...nous irons tous ensemble comme tu ne travailles pas "   Avec ces dixièmes, nos mères avaient toujours l'impression de ne pas perdre beaucoup ou d'être presque certaines d'avoir un numéro gagnant pour se faire au moins rembourser, et rejouer une prochaine fois ! Avec quelle impatience elles attendaient le journal du lendemain....




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