Oran, une Ville, une Vie.

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Une si longue absence

Début janvier 1959 mon frère est appelé sous les drapeaux.

Sa période militaire allait être terrible pour lui, anxieuse pour mes parents et angoissante pour moi, parce que je savais ………

Je savais que pour défendre son pays mon frère avait choisi de faire son service militaire dans un corps d’élite de commandos héliportés. Ce fût pour lui une période de 28 mois d’opérations militaires dans le djébel Constantinois et de combats.

J’avais appris ce qu’il faisait par son ami Didier qui m’avait demandé d’en parler à personne suivant le souhait de mon frère, moi-même je n’aurais pas dû le savoir mais Didier avait eu l’envie de se confier et  le besoin de partager ses craintes avec quelqu’un.

Bien sûr, j’en avais strictement  parlé à personne et même à mon frère à son retour. Je suis resté longtemps avant de lui dire que savais depuis le début.

Et ce fût le début d’attentes du moindre courrier, de la moindre carte postale et de la moindre nouvelle pour souffler et espérer. J’avais aussi des nouvelles par Didier et Robert avec lesquels il correspondait. Robert ne se doutait pas que je savais et souvent avec son éternel sourire il me balançait : « alors, tu as des nouvelles du planqué ? ».

Pendant cette période, les facteurs avaient pris une grande importance. D’abord Kader que j’appelais affectueusement « Jacques Tati » car il était très grand et mince. Je le connaissais depuis toujours dans le quartier mais aussi au stade, il était un grand supporter  du CDJ. Quand il avait du courrier et qu’il m’apercevait dans la rue, il me faisait signe en me disant « tiens mon fils j’ai une lettre de Gérard ». Entretemps il prit sa retraite et remplacé par PADILLA  petit, un peu rondouillard et jovial, il marchait à 100  à l’heure. Lui aussi avait pris l’habitude  de me remettre le courrier en me voyant. Un jour il m’avait dit « quand ton frère sera revenu, il faudra me le présenter », ce qui fût fait dans la bonne humeur au retour  de mon frère.

Toutes les informations  (TV, radio, journaux) faisant états de victimes militaires suite à des accrochages avec les fellaghas me préoccupaient. Le plus dur était de rester soi-même et de ne pas pouvoir confier ses peurs.

 

Dans une de ses lettres à Didier, il avait écrit : « j’espère que mon frère ne passera pas par où je passe ».

 

L’abandon de l’Algérie Française a fait que … et je ne peux m’empêcher de penser à tous ceux qui se sont battus, à tous ceux qui sont tombés pour rien, victimes d’une trahison d’Etat.  

 



11/06/2018
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